Paul Ardot (1885-1917)

Paul Ardot

ARDOT ( Paul Ardot 1885 – 1917 )

Paul Ardot était un jeune acteur – et auteur – comique et talentueux, il a été de la création des classiques de Feydeau. Dandy séducteur, Il a connu et collaboré avec les plus grands de son temps. Il gravissait adroitement les marches de la postérité quand la tuberculose, en 1917, mis un arrêt définitif à sa verve.

Le jeune Paul Ardot est très Parisien et très « branché » , il a eu quinze ans à l’exposition de 1900, et semble vivre comme son époque, avec une effervescence appliquée. Il est sur tout les fronts, il s’intéresse au théâtre, il fait du musique-Hall, il écrit des revues et des chansons.

« Paul Ardot » à la toute droite, en »1905″ dans « Tom Pitt »

1905 est la grande l’année de ses débuts. Il est en mars au Théâtre du Châtelet, avec Désiré Pougeaud et Max Dearly pour la création de «Tom Pitt», une féerie à grand spectacle, une pièce en seize tableaux écrite par Victor de Cottens et Victor Darlay.

En octobre de la même année, il joue Mombissac dans «Florette et Patapon» au coté d’Armande Cassive, de Germain, Torin et Colombey. C’est une pièce en trois actes de MM. Maurice Hennequin et Pierre Veber.

Nozière note dans «Le Théâtre» que : M. Paul Ardot nous offre une caricature violente et drôle du suiveur Mombissac».

Il écrit pour le grand Felix Mayol au coté de A.Laroche les paroles d’une chansonnette : « Mandolinocarina » crée au Concert Parisien, et en 1908, une chanson arabe, « Haia », que le grand chanteur met à son répertoire.

Extrait :

J’ai vu des chos’s très épatantes

En ce beau pays de Houris.

Les mouquèr’s aux formes tentantes

Avec un p’tit air dégourdi.

J’ai mangé d’leur fricot,

Du bouc, du bourricot,

Et de la confitur’ d’abrico,

J’ai vu des tas d’ chameaux,

Animaux anormaux,

Qui s’ballad’nt avec des boss’s sur l’dos,

Haia! Haia! C’est tout l’contrair’ chez ma Fatma

Haia! Haia! Elles sont en dessous d’son estomac.

J’avais rêvé, pauvre pantre,

De voir un’ mosquée, mais diantre,

Un’ mosquée c’est comme un antre

Où jamais un chrétien n’entre,

Haia! Haia! Ça n’est pas comm’ chez ma Fatma,

Haia! Haia! Tous les chrétiens peuvent entrer là!

1909 le 21 janvier. Henri Galoy écrit dans «Le Courrier Français», la critique de «Turlututu chapeau… poilu», fantaisie d’actualité, de MM. P. Ardot et A. Laroche :

Que dire de la revuette de MM. Ardot et A. Laroche ?

Elle est délicieuse, tout simplement. Non jamais revue à deux personnages ne fut plus spirituelle, ni plus «littéraire» n’eût plus de parisianisme à chiner gaîment, en de malicieux couplets, d’un goût délicat et artistement ciselés, nos hommes politiques et nos personnalités mondaines. Telle de ses dernières, prendra, j’imagine, le plus vif plaisir aux plaisanteries dont elle fait les frais.

La verve de MM. Ardot et A. Laroche est d’une jolie finesse aristocratique, et ni dans l’esprit ni dans la forme, jamais ces auteurs, – maîtres et conservateurs du genre – ne daignent condescendre à ce débraillé pseudo-montmartrois dont trop volontiers s’accommodent les revuistes, gens, vous le savez, d’esprit trop facile, trop peu difficile… Quels couplets citerai-je qui aient particulièrement été applaudis ? Ceux de «La lettre à Porel» ou ceux des «Vieux Toits» d’une si exquise note attendrie et poétique ? – Ce qu’il ne faut pas omettre de dire c’est combien M. Ardot, interprète égal au revuiste, déploie de finesse, d’étourdissante verve, et de fantaisie originale, ni combien aussi Mlle Alice Bonheur, prodigue de talent, de charme et de virtuosité vocale dans cette revuette incroyablement riche en couplets : non jamais je crois, Mlle Alice Bonheur n’eût telle occasion de faire apparaître, sous l’exubérante chanteuse à voix, la spirituelle diseuse qu’elle est.

Et c’est un triomphe égal, sinon supérieur à ses plus fameux triomphes d’opérette que Mlle Alice Bonheur vient de remporter à la Comédie Royale.- Que disais-je tantôt de la Comédie Royal ? «Un petit théâtre et de grand acteurs ?» Maintenant je dirai de «Turlututu chapeau… poilu» : «Une petite pièce et un grand succès». – Un très grand succès, et s’il ne fait pas un tapage énorme, c’est que les gens du monde mettent des gants pour applaudir.

C’est ainsi, au reste, qu’il sied d’applaudir cette fantaisie où la verve est de bon ton, où l’esprit discret, finement réticent, a des élégances adorables, où tout est correct, même l’écriture, cette revuette classique – classique, oui vraiment – dont il est à croire que MM. Ardot et M. Laroche, à l’exemple illustre de Buffon, mirent pour y travailler des manchettes de dentelle…

1909 marque déjà sa troisième collaboration avec Rip ( L’homme le plus spirituelle que j’aie jamais connu de ma vie ! selon Arletty.)

Ils ont leurs jeune âges, leurs sens de l’humour, et leurs sensibilité parisienne en commun, ils font des merveilles.

Le 31 octobre 1909, la Presse à des critiques élogieuses:

Décidément, la Cigale collectionne et monopolise les succès. Et celui qu’a remporté la nouvelle revue « Et aie donc !… » de Rip et Paul Ardot, ne peut se décrire, car ce ne fut qu’une longue suite d’acclamations, de bravos, de rappels pour les artistes et pour toutes les scènes de cette éblouissante et spirituelle revue, dont toutes les idées sont neuves, originales, tous les tableaux d’une grâce et d’un pittoresque achevés, et tous les couplets d’une joyeuseté et d’une verve sans égales.

Le Journal amusant du 27 novembre 1909, tout aussi dithyrambique, est plus précis :

Cette revue, qui devait d’abord s’intituler : « Prout, ma chère ! » est due à la collaboration de MM. Rip et Paul Ardot, les deux jeunes et brillants revuistes. Et, comme toutes les revues des jeunes auteurs, elle est pleine d’une verve et d’une gaîté qu’on ne connaît plus a trente ans. Mais comme M. Ardot que j’ai connu pudibond est devenu grivois ! Elle est d’un poivré, cette revue ! Et elle est tout à fait réussie, dans sa note scabreuse. C’est une très bonne idée que celle du défilé des amants illustres : Loth et ses filles, Narcisse, hanté à l’âge d’homme par des souvenirs de collège, Henri III que les femmes ne tentent pas, le marquis de Sade qui a des passions. Mais comme on le voit, tout cela est assez raide et la revue de la Cigale n’est pas pour les jeunes filles. Il y a d’excellent couplets, notamment ceux de la petite grue, qui sont d’une facture amusante, et des trouvailles originales comme le geste paradoxal de M. Dujardin-Beaumetz venant inaugurer un arbre dans un square rempli de statues. Une scène parfaite, c’est la scène de Leygues, et la parodie des danses d’Isadora Duncan est une chose très bouffonne. L’épisode des nihilistes est fort dramatique et l’apparition du préfet avarié est un intéressant document médicale. « La valse sadique » enfin est un numéro original et fort suggestif, Mlle Spinelly la danse exquisément, elle est d’ailleurs exquise dans tous ses rôles. C’est une jolie petite femme et une rare diseuse. Mme Marthe Lenclud est une commère de haut luxe, élégante et capiteuse. Puis, en Pierrot éploré, elle danse au clair de lune et de tous les spectateurs qui ont une âmes de poète goûtent fort ce divertissement. Miss Meg Villars danse admirablement. Et puis, elle sait, la fine mouche, que le nu est moins indécent que le déshabillé. C’est pourquoi elle répudie les tulles transparents, et ses danses largement retroussées revêtent un caractère de chasteté rare au café-concert. M. Claudius, un peu oublié au commencement de la revue, a ensuite de meilleurs rôles, des rôles en or avec de merveilleux couplets, il est charmant, charmant. Le comique de M. Dorville, déjà bien portant, semble avoir pris – s’il est possible – un regain de rondeur et d’embonpoint. Quel comique ! On passerait à la Cigale une soirée paradisiaque si les ouvreuses étaient moins encombrantes. Oh ! leurs évolutions bavardes parmi les strapontins d’orchestre !…    signé : Le Moucheur de Chandelles.

En novembre 1909, alors que « Et aie donc… », – qu’il a écrit avec Rip, – triomphe à « la Cigale », Paul Ardot est sur la scène de « Parisiana », mais cette fois, en qualité d’acteur, au coté de Fernand Frey et Dutard. Il fait partie de la distribution d’une luxueuse Revue de MM. de Gorsse et Nanteuil : « Volons-y ». Le Journal amusant écrit : Tout ce monde-là s’agite, passe et rit de la façon la plus divertissante et comme il y a, en outre, des décors opulents et des costumes où le luxe le dispute à la luxure, la revue de Parisiana fera longtemps le maximum.

1910. Paul Ardot a vingt-cinq ans, fréquente « Le Critérion. » Un grand café de la rue Saint Lazare, il y retrouve Signoret, Louvigny, Max Linder, Fernand Nozière, et Louis Verneuil, qui parle de lui dans « Rideau à neuf heures. » :

Mon spirituel ami Paul Ardot, le délicieux comédien, qui chaque fois qu’entre deux pièces, il disposait de quelques jours, partait se reposer au soleil du midi. Il avait, hélas, les deux poumons très atteint.

Paul Ardot était un charmant écrivain. En collaboration avec Rip, et surtout avec Albert Laroche, il a fait jouer plusieurs revues excellentes, notamment à la Cigale.

Spirituel et brillant, paré du prestige d’avoir été le dernier amant de Lantelme, Paul Ardot avais du succès auprès des femmes. Sûr de leur complaisance à son égard, il pouvait se permettre une sévérité sans doute excessive, et qui, de la part d’un autre, eût été jugée assez impertinente.

Pour la rentrée de septembre les Folies-Bergères présente « Les Ailes » un somptueux ballet de M. Chekri Ganem, l’auteur de « Antar » qui fut joué à l’Odéon en 1910. Les attractions féminine sont la belle Otéro et la jeune Napierkowska. La partie comique est assuré par Paul Ardot. Le Moucheur de Chandelles, du « Journal Amusant » du 17 septembre 1910 écrit ceci :

Voici maintenant la partie comique du spectacle : un sketch à la mode anglaise et dont MM. Laroche et Paul Ardot sont les auteurs.

Naturellement, ce dernier interprète lui-même son œuvre et c’est la grande attraction de cet original numéro.

M. Paul Ardot est bien l’être le plus parisien qui se puisse voir. Il a des amis partout et possède comme personne l’oreille du public qu’il amuse.

Après avoir fait dans son enfance un long voyage en Turquie, un voyage d’étude sur le raha-lukoum et les confitures à la rose, car il adore les sucreries, M. Paul Ardot revint à Paris vers quinze ans et bientôt se présenta au Conservatoire. Il y entra sans difficulté, mais n’y obtint aucun succès, car on lui reconnut une nature. Il quitta donc la « Boite » et trouva au Châtelet une occupation beaucoup plus lucrative. Dès lors, il ne connut plus que la réussite. Les engagements plurent et lui plut davantage encore au public. En peu de temps, il devint le pilier des Nouveautés. Il acquit sur le violon un merveilleux talent et s’étant essayé au métier d’écrivain, il devint revuiste.

Il joue lui-même ses revues et c’est la première fois qu’on voit un auteur ne pas se disputer avec son interprète… Et il a, à vingt-quatre ans, une enviable situation. Mais tout cela n’est rien. Le jour où il voudra devenir compositeur, Richard Strauss et Rodolphe Berger n’auront qu’à démissionner. Il sera ainsi acteur, auteur, compositeur. M. Paul Ardot est encore l’homme des élégances. Il est l’homme de cheval jusqu’au bout des ongles. Le pari mutuel lui coûte cher et il n’est pas de belle réunion sans lui. Il travaille en sous-main à se faire une écurie et bientôt, nous le verrons acteur, auteur, compositeur, propriétaire.

Comme il a des accointances au ministère, on parle de l’envoyer en mission diplomatique. Une place de premier attaché l’attend à Péra, on a pensé à lui confier ces hautes fonctions à cause de la gravité de sa figure. Voilà pourquoi, d’ici quelques années, nous verrons M. Paul Ardot auteur, acteur, compositeur, propriétaire, ambassadeur… En vérité, cet homme est universel et c’est un charmant garçon.

Il est tordant dans son sketch.

1911. Pour le 14 juillet, Paul Ardot joue « Au Petit Bonheur » avec la délicieuse Miss Campton aux « Ambassadeurs ».

Le « Music Hall Illustré » du 1 juillet 1912 nous apprend que le spectacle « Enfin… une revue ! » Joué à l’Olympia, de MM. Henry Moreau, Paul Ardot et Laroche, vient de passer très brillamment la cent cinquantième représentation.

1912. en septembre Paul Ardot est aux Folies Bergère, pour jouer dans « l’Éternelle Valse » au coté de Jeanne Marnac et Delphin.

le 18 septembre 1913, Paul Ardot se confie à « Comoédia » :

– Je suis aux anges de regrimper sur un plateau, de sortir de mon apathie forcée ! Il me semble que je renais !

Le « Fantasio » du 15 octobre 1913 :

Le théâtre Léon-Poirier, qui tient un gros succès avec la revue de Paul Ardot et Jean Bastia, « En douce…, » a inauguré un genre sensationnel, c’est ainsi que Mlle Mistinguett y joue… le rôle de Mistinguett. La pittoresque artiste entretient le public de ses diverses. C’est non seulement le « journal parlé », mais encore le journal vécu.

Paul Ardot y joue Hyacinthe Francoeur. G. de Pawlowski le rédacteur en chef de « Comoédia » est lui aussi conquit :

Paul Ardot qui nous apitoie sur le classique « petit oiseau » Cette scène est tout à fait remarquable : par sa finesse littéraire et son esprit tout d’abord, mais aussi parce qu’elle nous montre une fois de plus tout ce que l’on peut attendre d’artistes fantaisistes lorsqu’on leur donne un texte suffisant pour développer leur talent.

Georges Casella n’en pense pas moins :

L’interprétation en est remarquable, et la direction mérite tous les éloges pour son choix exact et judicieux. …

M. Paul Ardot n’est pas, comme M. Jean Bastia, un débutant au théâtre. C’est un acteur qui triompha dans maintes revues et souvent dans les siennes, et nul ne sait mieux que lui paraître hébété, confiant, godiche et « avantageux ». Auprès de son étincelante partenaire, il tint ses rôles avec talent et fut surtout remarquable en romanesque Hyacinte Francoeur et en chiffonnier jaloux.

Le 18 février 1914 c’est la première de « Je ne trompe pas mon mari » de Feydeau, au Théâtre de L’Athénée, Le Journal amusant est encore une fois emballé :

M. Paul Ardot, d’une exquise cocasserie, remporte un joli succès dans le personnage de Des Saugettes, le plus pittoresque des dadais.

1916. le 27 février dans «Le Carnet de la semaine» :

M. Paul Ardot, très fatigué, partira aussitôt après la dernière représentation de «L’École des Civils», afin de se reposer pendant trois semaines au cap d’Antibes. Il ne reviendra à Paris que pour jouer au concert Mayol, l’opérette de Paul Cami : «Les Amours du Palais Borgia ou l’Amour plus fort que la Haine», musique de Heintz.

Sa principale partenaire sera Nina Myral. La première aura lieu le 24 mars.

M. Paul Ardot jouera ensuite un sketch de M. Elie de Bassan, à l’Alhambra.

M. Paul Ardot nous adresse une mise au point d’un écho que notre «liseur» avait emprunté au «Ruy Blas» :

«C’est, nous écrit-il, une jolie petite historiette, malheureusement, tout le beau rôle est pour l’officier mutilé, trésorier du Cercle National, celui de M. Cohen-Paul Ardot (!) est tout à fait antipathique, alors, je me vois forcé de déchirer ce tissu d’inexactitudes.

«Je n’ai pas organisé une représentation pour le Cercle National.

La Préfecture de police demande à tous les théâtres de verser une fois par mois le bénéfice d’une représentation ordinaire avec frais ordinaires à une œuvre, si bénéfice il y a.

Il n’a pas été fait une publicité spéciale pour annoncer cette représentation dont le programme était exactement celui des autres représentations de l’Athénée. Personne ne peut me reprocher, en ce temps où les affaires doivent reprendre, d’avoir un spectacle qui comprenne 1.800 francs de frais, et ce n’est pas ma faute si ce soir-là, la recette ne fut que de 1.650 fr.

«Je n’ai d’ailleurs jamais organisé de représentation de bienfaisance, je me contente d’y figurer comme artiste. Tant dans les théâtres que dans les hôpitaux, et sans aucune rémunération, je vous prie de le croire. Je fais d’ailleurs ce que font tous les autres acteurs, qui espèrent ainsi faire leur devoir, dans la mesure de leurs moyens.

Croyez, etc.

Le célèbre tragédien Edouard de Max parle d’un façon très personnel de ses expérience théâtrale à Louis Delluc, pour son livre « Chez de Max » :

Paul Ardot qui a toujours paraphrasé la folie au théâtre avec une audace et une délicatesse qui sont du style. Mais qui ne sait maintenant que Paul Ardot est un grand artiste ?

Paul Ardot est un ami à moi, je sais que c’est un ami à toi, mais l’étrange est que ni toi ni moi ne savons parler de Paul Ardot. Il est terriblement modeste et timide. Je t’assure qu’il est timide, ce Paul Ardot, et qu’il n’aidera jamais a faire parler de lui, mais le moyen de ne pas en parler ? Le moyen aussi d’en parler comme il faut ?

Si tu le voyait dans la coulisse, comme il décevrait ceux qui se font des acteurs une idée tumultueuse et romantique ! Il a l’air d’un doux jeune homme sentimental, et on ne sait à quoi il rêve derrière son binocle. Il est silencieux et admirablement bien élevé. Il ne jure pas, ne s’emporte pas, il a presque l’air de s’être égaré derrière le décor, là où il fait froid et sale. Mais voilà qu’il entre en scène, et il n’est plus timide, parce qu’il n’y a plus personne, il n’y a que lui, et le théâtre, et ce rire insensé qu’il provoque, c’est de la folie, de l’invraisemblance, et c’est pourtant de la patiente et délicate observation, c’est l’énormité bouffonne, c’est en même temps de la préciosité, de l’art, et même de la littérature. C’est une voix qui est d’un poète peut-être, et qui gouaille et qui persifle, c’est un sourire monumental, qui a le secret d’être amer une seconde avant d’être désopilant, c’est la vie et le théâtre, et la parodie de l’un et de l’autre. C’est Paul Ardot.

Le talentueux Rip (1984-1941) n’a pas que collaboré avec son ami Paul Ardot, il l’a aussi caricaturé.

Paul Ardot n’arrête pas d’écrire et de jouer, il enchaîne les succès. A part la santé, tout vas bien.

Malheureusement, la tuberculose mettra fin à ce talent en été 1917. Louis Verneuil perd un ami :

Quelques jours plus tôt, il avait dû cesser ses représentations au Châtelet, où, pendant tout l’hiver, il avait joué une pièce à grand spectacle d’Henry de Grosse, « Dick, roi des chiens policiers. »

Plus irrésistible que jamais, il apparaissait, à un bal masqué, en Cupidon, déchaînant des tempêtes de rire. Ce fut se dernière création. une semaine après La matinée des quarante, le 10 mai 1917, il est mort, âgé de trente-deux ans.

Ses obsèques auront lieu le 13 mai 1917 au cimetière de Montparnasse.

Henri Blondeau, y fera un discours au nom de la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques. Il rappellera que :

Paul Ardot riait peu ! Faire rire les autres était son propre ou comme auteur ou comme comédien.

Auteur, il fut laborieux et fécond, En raison de son âge il eut un bagage que certains auraient pu lui envier, ce tout jeune homme, messieurs, qui n’avait que trente ans, ne fit pas moins de dix-huit revues, et une opérette, ce qui donne un total de trente-quatre actes, en collaboration avec Rip, Laroche, Henry Moreau ou Jean Bastia.

Paul Ardot était né revuiste, car il possédait ce que notre grand critique Francisque Sarcey avait appelé : le Don ! Posséder le Don, selon Sarcey, c’était savoir présenter une actualité sous une forme amusante ou dramatique, savoir écrire une scène de Revue qui commence, se noue et se dénoue avec, pour finir, une morale se dégageant d’un couplet bien troussé.

Paul Ardot savait faire une revue. Il aima la revue avec passion et il la respecta.

Ce ne fut pas l’homme des combinaison louches sur lesquels nous glisserons étant donnée la gravité du sentiment qui nous réunit ici aujourd’hui.

Paul Ardot, au contraire de quelques uns, fut un confrère loyal et honnête. Ce fut un propre et un probe.

Et c’est pourquoi, Messieurs, moi que le temps a fait le doyen des Revuistes, je suis heureux, je suis honoré de pouvoir adresser l’adieu suprême de la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques au confrère intègre, aimé et estimé qui est parti trop jeune et qui, hélas ! nous a quitté trop tôt !

Liste non exhaustive des pièces de théâtre, revue ou opérette, dans lequel Paul Ardot à eu le temps de jouer ( et parfois d’écrire. )    :

1905 Mars «Tom Pitt» grand spectacle en seize scène au Théâtre du Châtelet, écrit par Victor de Cottens et Victor Darlay.

1905 Octobre «Florette et Patapon» une pièce de MM. Maurice Hennequin et Pierre Veber.

1906 Mai : « Bon inventaire… ô gué! » une Revue en un acte de Rip et Paul Ardot, au Théâtre du Palais-Royal, avec Geneviève Lanthelme et Robert Saindreau.

1906 : « A perte de revue » une Revue de Rip et Paul Ardot au Théâtre du Palais-Royal.

1907 «La revue de Cluny» de Paul Ardot et Laroche.

1907 Mars : « La puce à l’oreille » un Vaudeville de Georges Feydeau crée au Théâtre des Variétés, avec Germain, Armande Cassive, Marcel Simon et Paul Landrin.

1907 Octobre : « La Cabotine » Pièce en trois actes de Tristan Bernard et Alfred Athys, au Théâtre des Nouveauté, avec Germain et Girier.

1908 Mars : « Occupe-toi d’Amélie ! » une Pièce en trois actes de Georges Feydeau crée au Théâtre des Nouveautés, avec Armande Cassive, Germain, Decori, Marcel Simon, Baron fils, Girier et Berthelier.

1909 : « Un roman chez la postière » de Rip, avec Emilienne Franville.

1909 : « Volons-y » de Henri de Grosse et Georges Nanteuil, avec Fernand Frey et Georgette Delmarès.

1909 : « Et aie donc !… » une Revue de Rip et Paul Ardot, à la Cigale, avec Maurice Claudius, Henri Dorville, Max Linder, André Urban, Albens, Spinelly    et Paul Bertho.

1910 Mars : « Rêve de Valse » Opérette en trois actes de Léon Xanrof et Jules Chancel, au Théâtre Apollo, avec Alice Bonheur, Alice Milet, Marfa Dhervilly, Henri Defreyn, Saturnin Fabre et Charles Casella.

1910 Mai : « Hans le joueur de flûte » Conte Lyrique de Louis Ganne, Maurice Vaucaire et Georges Mitchell, au Théâtre de l’Apollo, avec Henry Defreyn.

1910 Septembre « Les Ailes » aux Folies-Bergères

1911 Février : « La divorcée » Opérette en trois actes de Viktor Léon, au Théâtre Apollo.

1912 Mars : « Fais ça pour moi » Pièce en un acte de Louis Verneuil Théâtre Fémina, avec Augustine Leriche, Alice Nory, et Henry Rousselle.

1912    Avril : « Les Fils Touffe sont à Paris » Revue de Rip au Théâtre Fémina, avec Jeanne Marnac et Louis Boucot.

( Quand la revue est reprise à l’Alhambra de Londres sous le titre : « The Bing-boys are here. » c’est l’immense Georges Robey qui reprend le rôle tenu initialement par Paul Ardot.)

1912    juillet : « Enfin… une Revue ! » une Revue de MM. Henry Moreau, Paul Ardot et Albert Laroche à l’Olympia.

1912 : « Le coup d’Etat » de Maurice Vaucaire et Fernand de Croidelys

1912 : « L’éternelle valse » de Austen Hugon, au Folies Bergères, avec Jane Marnac et Delphin.

1913 : « En douce… » de Paul Ardot et Jean Bastia, avec Mistinguett.

1913 : « Ohé! Milord! » de Robert Dieudonné, Gustave Quillardet et Albert Chantrier, avec Régine Flory.

1914 Fevrier : « je ne trompe pas mon mari » Comédie en trois actes au Théâtre de l’Athénée, de Georges Feydeau avec Lucien Rozenberg, Alice Nory et Betty Daussmond.

1915 Fevrier : « Les Huns et les autres » Revue de Dominique Bonnard et Lucien Boyer au Théâtre Antoine, avec De Max, Gémier, Huguenet, Harry Baur, Andrée Mégard, Jeanne Cheirel et Marguerite Lavigne.

1917 « Dick, roi des chiens policiers. » grand spectacle d’Henry de Grosse, au Théâtre du Châtelet.

One thought on “Paul Ardot

  1. Bonjour,
    Superbe biographie d’un auteur/interprète très intéressant.
    D’où vient la 1ère photo s’il vous plaît ?
    Je pensais à Paris qui chante mais je n’ai pas trouvé.

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